Araignée et couturière

« Il n’y a dans une vie que quatre ou cinq événements fondateurs, quatre ou cinq jaillissements de l’absolu. Ton sourire est un de ces événements qui enflamment la nuit où je m’en vais confiant.
Ton sourire était une signature divine sur le papier du temps – Une caution, un garant, l’indicible fleurissement de cette vie.
Ton sourire était ce carnet de soleil que nul ne sait écrire. »    extrait de « 
Les carnets de soleil ». Christian Bobin

Episode 2 : Patron & fil de trame – le mythe d’Arachnée

Laissez-moi vous expliquer le pourquoi du comment….

L’araignée a un corps en forme de huit allongé (symbole de l’infini) c’est-à-dire, 2 lobes qui s’attachent à 8 pattes. L’araignée est le symbole des possibilités infinies de la CREATION : ses 8 pattes représentent les 4 vents du changement et les 4 directions de la Roue de la médecine.

Les femmes – araignées tissent les toiles de fond de notre vie comme le tissu de notre mémoire matricielle et elles nous rappellent les différents méandres de notre cheminement terrestre. Elles savent aussi enchainer, emberlificoter nos vies d’adolescent(e)s grâce à des stratagèmes, des secrets, des non-dits, des chantages dans lesquels nos forces de vie luttent pour se frayer un chemin.

C’est la mère qui détient la matrice qui imprime et lègue l’histoire de la famille. C’est elle qui transmet les nœuds émotionnels de la lignée mais c’est aussi elle, qui par chance possède les clefs pour les dénouer, parce qu’elle est l’amie de l’invisible, de l’inconscient et du mystère.

Toutes les femmes du monde ont une histoire personnelle aussi vaste, aussi forte que le « numen » dans les contes de fées. Néanmoins, il existe un type d’histoires en relation avec les secrets féminins surtout ceux auxquels la honte est associée et qui sont comme des joyaux sur une couronne, mais aussi … comme des graviers noirs sous la peau de l’âme. C’est pourquoi, l’énergie de la femme tisseuse, tisserande invite à dénouer le fil de notre histoire.

Mon énergie de vie et de femme-couturière d’histoires m’invite sur cette nouvelle terre Drômoise à les coudre. Tel est le chantier que je souhaite m’assigner ici en vue, je l’espère d’une prochaine création artistique, qui sait ?… trop tôt pour le dire ou du moins pour ne pas vouloir trop en savoir !… Ne rien attendre ! Laisser faire ! Mais ce que je ressens, c’est qu’elle est là, en moi.

Et ce que je sais déjà, en bonne « ouvrière », c’est de ne jamais oublier les principales qualités d’une bonne couturière, à savoir la prise en charge complète de l’ensemble des étapes de la création du vêtement par :

Une bonne observation du modèle, de son corps pour adapter le vêtement à sa morphologie, ce qui veut dire une bonne assimilation de tous ces corps en mouvement et de ces vies offertes :

  • Recevoir l’histoire de ma lignée et en défaire les nœuds.
  • Ecouter, recevoir ces vies et ces envies de femmes sur cette terre qui fleure bon l’olive, la vigne, les lavandes, les cigales … et la truffe !
  • Avoir du goût
  • Etre minutieuse, patiente et perfectionniste
  • Avoir le coup d’œil et savoir prendre les mesures du corps, le « matériau » même de l’histoire
  • Dessiner et couper « le patron de l’histoire », ce qu’on appelle « la trame du conte », comme on parle d’ailleurs de la trame d’un tissu
  • Connaître les différentes étoffes (leur vertu, leur tenue, leur résistance aux aléas de la vie) et choisir celle qui – par les mots, par les silences – mettra le mieux en valeur ces corps d’histoires et couper « au plus juste » dans l’étoffe, les morceaux du patron dessiné.
  • Connaître « les tendances » de la mode, mais dans cette histoire-là… en faire fi par respect pour la femme qui vous en a fait cadeau et révéler « ce qui s’y est vécu…une fois de plus, « au plus juste » !
  • L’assemblage des pièces du patron à grands points et son surfilage
  • L’essayage sur le modèle
  • « La couturière » : mot désignant au théâtre, la dernière répétition et les derniers essayages avant « la Générale » avec les retouches finales
  • L’histoire est alors … prête à être racontée

Ecoutez brièvement celle-ci :

Le mythe d’Arachnée :

Intriguée par la grande réputation d’Arachné, Athéna se déguise en vieille femme pour rendre visite à la jeune tisseuse et observer son magnifique travail. Arachné, n’ayant point reconnu la déesse, prétend devant celle-ci qu’elle est la meilleure tisseuse du monde, meilleure qu’Athéna elle-même. La déesse entre alors dans une grande colère en constatant qu’une simple mortelle peut prétendre être aussi adroite qu’elle, une déesse. Elle révèle à Arachné sa véritable identité et organise un concours avec la jeune femme. La déesse illustre sur sa toile les divers dieux de l’Olympe, tandis qu’Arachné préfère tisser Zeus avec ses nombreuses amantes. Arachné sait qu’elles sont toutes deux à égalité mais Athéna en est très jalouse. Furieuse, elle déchire l’ouvrage d’Arachné et la frappe. Ainsi humiliée, Arachné se pend. La déesse décide ironiquement d’offrir une seconde vie à Arachné, mais cette fois-ci en araignée suspendue à son fil, pour qu’elle puisse à nouveau tisser sa toile … et nous raconter des histoires.

D’ailleurs, un conte que l’on qualifie d’Inuit mais qui serait plutôt de tradition subarctique (Alaska) nous donne une version de l’origine de l’araignée. Et ce conte cosmogonique (dit « conte des origines » ou « des pourquoi et des comment ») raconte comment l’araignée était à l’origine, une jeune fille descendue de la terre et du ciel par une longue lignée de tendons tressées, aidée par toute une lignée de 3 femmes d’âges différents.

Ceci explique cela…